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  • : Mes engouements
  • : Je vous salue ! Ici, vous trouverez mes engouements, grands ou petits, éphémères ou durables. A vous de jouer, en laissant votre commentaire ou en m'écrivant directement (à l'adresse : engouements(arobase)yahoo.fr) A bientôt...
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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 19:07
 

C'est une interview de Patrick Modiano, dans le magazine Télérama, quelques jours avant que le Nobel lui soit attribué. L'auteur de Quartier perdu explique qu'il cherche à "décrire un passé morcelé, incertain, onirique. D'ailleurs, ajoute-t-il, je n'écris pas vraiment des romans au sens classique du terme, plutôt des choses un peu bancales, des sortes de rêveries, qui relèvent de l'imaginaire". 

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24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 16:53

Relisant La Compagnie des femmes, d'Yves Simon (Le Livre de poche), je tombe sur ce passage si juste où le narrateur explique ce qui le meut : 

"Je me délectais de l'éphémère, ces infimes choses qu'organisent les spectacles du monde pour nous sidérer un court instant : regards gênés saisis dans une promiscuité d'ascenseur, un homme ivre qui dit maman aux femmes qu'il croise, surprendre sur un trottoir un couple à cheveux blancs dont les mains viennent de se nouer, quelqu'un ayant le tic à tout moment de remonter ses lunettes, un furtif baiser d'ados dans un café, le lapsus d'une présentatrice télé qui prononce string en voulant parler de Sting, une goutte de vin qui vient souiller l'impeccable chemise d'un invité de marque... Ces minuscules accidents ressemblaient à des glissements de réalité sans conséquence, que l'on saisit pour soi seul, sans jamais éprouver le besoin d'en faire part à quiconque. Cette rapide divagation m'incita à sortir de ma chambre plutôt qu'à y rester enfermé où rien d'inédit ne pourrait survenir. 

Bref, j'étais avide de séquences humaines impromptues."

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29 janvier 2014 3 29 /01 /janvier /2014 18:27

Si juste, cette analyse de Jean-Claude Guillebaud dans son dernier livre :

 

"Nous avons tous peur de devenir des 'hommes flottants', sans racines, sans maison, sans identité véritable, mais n'osons pas avouer cela. Nous préférons chanter à l'unisson les vertus de l'errance, du voyage, du nomadisme. De tous cotés, on nous y invite. Le mondial et le global sont devenus les nouvelles Tables de la Loi, le grand dessein du siècle qui commence. Il faudra nous accoutumer, dit-on, à vivre hors sol comme certaines plantes ou champignons que l'on cultive désormais sans contact avec la terre (...) J'ai du mal à accepter cette impérieuse volonté d'effacer tout point de rattachement, comme disent les juristes. J'y vois même une folie ! N'importe quel être humain a besoin d'être quelque part. L'envie d'un périmètre protecteur, la joie de tutoyer un paysage dont on connaît chaque courbe et chaque vallonnement, rien de tout cela ne mérite l'opprobre. Je bous de colère quand j'entends dire, ou quand je lis que la moindre référence à la terre ou à la ruralité trahit je ne sais quel pétainisme qui s'ignore".

 

Je n'ai plus peur (L'Iconoclaste) :

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24 décembre 2012 1 24 /12 /décembre /2012 11:43

Je découvre cette semaine les photos de Félix Thiollier et je me demande comment et pourquoi elles ne sont pas plus connues. Le musée d'Orsay consacre une exposition au travail époustouflant de cet industriel de Saint-Etienne passionné de peinture, d'archéologie et de photographie. Un beau livre vient également de paraître. 

Industriel enrichi, Thiollier, né en 1842, délaisse à trente-cinq ans la rubanerie pour se consacrer à ses passions, à l'art, à l'observation. Il publie des ouvrages sur le patrimoine de sa région, le Forez, et y inclut les photos qu'il a prises. Ses clichés en noir et blanc - sauf quelques autochromes - sont saisissants, tantôt oniriques, tantôt réalistes, toujours personnels. 

Thiollier photographie les paysages, avec l'oeil d'un peintre. Ses grandes étendues - ciel, landes et crevasses - rappellent celles de Caspar David Friedrich. Ses sous-bois mélancoliques évoquent ceux de Corot. Dans ces paysages-là, les humains se font rares. Figures discrètes,  quand ils apparaissent ils se taisent ; ils observent la nature immense, autonome, inquiétante. 

Thiollier photographie aussi les usines, grandes carcasses dans les paysages de Loire et de Haute-Loire. Des cheminées s'échappe la fumée au milieu d'un ciel vertigineux. Des hommes descendent à la mine, en sortent, font la queue pour recevoir leur paie. Des familles posent devant leurs logements. Plus loin, des "grapilleurs" guettent les déchets de mine sur les crassiers, les terrils. Parmi eux, beaucoup d'enfants dépenaillés. Vingt ans plus tard, ce petit garçon qui nous regarde ira se battre contre les Allemands, sera tué peut-être. 

Parfois, Thiollier s'approche. Il réalise quelques portraits : paysans, mineurs, chemineaux prennent la pose devant l'objectif. Cette France est misérable. Elle semble lointaine, et si proche en même temps. Elle est celle de nos arrière-grands-parents. 

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15 août 2012 3 15 /08 /août /2012 16:41

Un art ? Une habitude ? Un délassement ? Un nouveau blog propose de flâner à Paris. La ville est à voir, à lire, et à entendre aussi, grâce aux sons mis en ligne : le métro qui entre en station, des enfants qui jouent dans un parc, ou encore un marché en pleine activité...

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 11:09

 

Votre vie a-t-elle du goût ?

Et si oui, pourquoi ?


L'anthropologue Françoise Héritier publie un petit livre délicieux. L'espace d'un été, elle dresse la liste des souvenirs, des sensations, des expériences qui font le sel de la vie.

 

Le palimpseste est léger, vertigineux, car infini. Jugez plutôt : "se donner du mal pour une broutille, craquer des allumettes, faire briller des cuivres (...) succomber à la tentation gourmande, grimper aux tours de Notre-Dame et rêver d'aller au Machu Picchu, recevoir par le travers l'écume des chutes du Niagara..."

 

Ou encore : "se tenir immobile devant un mamba noir mal réveillé, adorer le Dr House ou la jeune fille gothique aux couettes brunes de NCIS ou le personnage d'Ally McBeal, sauter à la corde entre deux copines qui la font tourner de plus en plus vite (c'est la préhistoire...), se délecter de gin-fizz avec le bord du verre givré ou de Campari-soda, manger à la file des pistaches ou des noux de cajou, faire un canard dans la tasse à café du voisin..."

 

Ou encore : "détester la résistance des objets et des choses inertes, mesurer la différence dans la perception du passé entre ses souvenirs et ceux de ses frère et soeur, de son mari, de sa fille (...) se refuser à parler bébé, rougir de sa prononciation de l'anglais, imaginer les gens à partir de leur voix..."

 

Ou encore : "avoir dîné chez Troisgros à Roanne du temps où ils étaient trois, mager du réglisse, de la bouillie de petit mil à la sauce aux feuilles fraîches de baobab, trouver une coquille à la quatrième lecture, lire des récits de tourmente de neige, s'asseoir sans rien faire les mains pendantes et les yeux dans le vague, être sensible à la beauté des grues au repos ou des friches industrielles ou des voies désaffectées..."

 

Ce que traque Françoise Héritier ? "L'imperceptible force qui nous meut et qui nous définit". A plus de quatre-vingt ans, l'anthropologue livre un récit intime et partagé. Ces mille insignifiances sont mobiles et émouvantes. Elles sont les siennes, et les nôtres.

 

Françoise Héritier, Le sel de la vie, Odile Jacob


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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 11:46

A Sète, le musée Paul Valéry ouvre ses portes à Agnès Varda. L'artiste propose ici quelques installations déjà présentées ailleurs : les suites de Patatutopia, son projet "pomme de terre" initié en 2003 à la biennale de Venise ; le magnifique mur de vidéos où sont projetés, simultanément, les témoignages des veuves de Noirmoutier, les jeux de plage en plastique multicolore déjà exposés à la fondation Cartier, nimbés dans la musique enfantine de Bernard Lubat. Et puis d'autres oeuvres plus rares, touchantes, dans l'esprit du film Les plages d'Agnès : Ulysse est un court-métrage réalisé en 1982 à partir d'une photo prise vingt-huit ans plus tôt sur une plage de Normandie (un enfant et un hommes nus, une chèvre morte) ; Varda retrouve les protagonistes, les interroge ; les époques se mêlent ; c'est original et profond. Sur le même principe, la Terrasse de le Corbusier est un film conçu à partir d'une photo, prise celle-là dans la cité radieuse de l'architecte, à Marseille.


Varda est agaçante et sincère, juste et joueuse, entre rires et larmes. Après la visite, nous faisons quelques pas dans le cimetière marin où repose Jean Vilar, que Varda estimait tant, auprès de qui elle a travaillé. La lumière glacée et intense de la Méditerranée nimbe le cimetière. Si vous n'avez pas le temps, pas l'occasion de vous rendre à Sète, pourquoi ne pas revoir Cléo de 5 à 7 ou Le Bonheur ?

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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 14:52

Si le musée du Louvre était la France, je dirais que j'en connais les autoroutes,  grossièrement quelques régions et, intimement, seulement quelques villages. Parfois, je m'y enfonce sans but, au hasard et j'y découvre alors, sans cesse, des salles et des oeuvres inconnues.


L'autre jour, au deuxième étage du pavillon Sully, j'ai fait la connaissance d'une vingtaine de tableaux : la donation Hélène et Victor Lyon, très généreux bienfaiteurs du musée. Des oeuvres de Canaletto, de Greuze (un portrait de jeune femme très réussi) de Jongkind (une très belle vue de Paris, le petit pont au premier plan et Notre-Dame derrière) de Corot, de Pissaro, de Renoir. Et surtout, trois magnifiques tableaux de Monet qu'on imaginerait volontiers de l'autre côté de la Seine, au musée d'Orsay. Ici, point de nymphéas, mais du blanc, celui d'un hiver rigoureux : il y a d'abord les beaux Glaçons sur la Seine à Bougival, comme tirés d'un paysage nordique, quelques arbres noirs et faméliques noyés dans le gris d'un environnement désespérant. J'observe ensuite le plus classique Environs de Honfleur. Neige, où la Normandie a des allures de montagne. Et enfin, La débâcle près de Vetheuil, où quelques couleurs plus vives, presque impercebtibles, laissent deviner qu'un jour, le printemps reviendra.

 

Par la fenêtre, je regarde la cour Napoléon. Des touristes avancent, emmitouflés. Les bassins autour de la pyramide de Peï ont gelé. Derrière, les pelouses des Tuileries sont encore recouvertes de blanc. Qu'aurait vu Monet, à cette fenêtre ? Qu'aurait-il peint ?

 

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 18:51

Le nouveau long-métrage de Cédric Kahn va sortir dans quelques jours. Une vie meilleure, c'est l'aspiration de Yann (Guillaume Canet) et Nadia (Leïla Bekhti) qui s'aiment et tentent d'ouvrir un restaurant en pleine forêt, près de Paris. C'est l'histoire de leur combat et de leur désenchantement.

 

Comment vivre mieux ? Au début du film, Yann résume l'absurdité du "marché de l'emploi", son exigence contradictoire  : "Si t'as pas l'expérience, t'as pas le boulot. Et si t'as pas le boulot, t'as pas l'expérience". Yann et Nadia s'accrochent, s'acharnent, se déchirent. Chaque centime compte. La caméra s'attarde sur les pièces et les billets, un à un recomptés.

 

Le film fait écho, bien sûr, à ceux de Ken Loach et des frères Dardenne. Il n'en a pas la force ni toute l'exigence mais il est réussi, intéressant, touchant. Guillaume Canet et Leïla Bekhti donnent à leurs personnages des visages et des corps émouvants : ils ramassent en eux toute l'énergie, l'ambition, l'aspiration à la vie meilleure et tous les mauvais coups que la vie leur distribue allègrement. Jamais caricaturaux, ils sont deux figures d'aujourd'hui. Visages croisés dans le métro, combattants d'un quotidien trop rude.

 

Au coeur du film, il y a aussi le long et beau face-à-face entre Yann et Slimane, le fils de Nadia. Le jeune Slimane Khettabi lui prête ses traits avec une force rare.

 

 


 

 


Après Toutes nos envies, le film de Philippe Lioret sur le surendettement, Une vie meilleure va-t-il trouver son public ? Pas sûr, tant le film propose aux spectateurs un miroir angoissant. Le nouveau long-métrage de Cédric Kahn n'est pas réconfortant. Mais que le cinéma français, et des acteurs aussi populaires que Guillaume Canet et Leïla Bekhti racontent avec intelligence ces histoires d'aujourd'hui, ça, c'est réconfortant. 

 


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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 21:19

Le nouveau film de Nanni Moretti est jubilatoire.

Vous connaissez le point de départ : à Rome, lors d'un conclave, un cardinal - Michel Piccoli - est élu pape. Du bout des lèvres, il accepte la charge, mais se dérobe aussitôt.

 

 

 

 

 

Moretti a réussi un long-métrage drôle et profond. Jerzy Stuhr, déjà vu dans Le Caïman, incarne ici le porte-parole du Vatican. Il est remarquable, tout en onctuosité, en malice et en dissimulation. Moretti lui-même, dans le rôle d'un psychanalyste, exprime un cynisme et une rage souvent désopilants. Dans le rôle de son ex-femme, elle aussi psychanalyste, Margherita Buy est, comme toujours, belle, émouvante. Il faut surtout voir Piccoli, vieux monsieur errant dans Rome, à la recherche de lui-même. D'un geste hésitant, d'un sourcil qui se lève, d'un regard qui se perd, il dit tout.

 

Habemus Papam est un film sur le pouvoir, sur le théâtre, sur l'enfance de chacun, sur notre refus, parfois, d'endosser le costume qu'on nous a découpé. Contre toute attente - vu le sujet - c'est un film délicieusement... léger.

 


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