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25 août 2008 1 25 /08 /août /2008 07:54


La guerre a commencé. Les romans de la rentrée - 676 - se battent pour obtenir une place au soleil. En l'occurrence, quelques centimètres carrés sur les tables des librairies. Une lutte silencieuse, aussi violente que la course des végétaux pour trouver la lumière, dans la luxuriante forêt tropicale.

Chez mes libraires, quelques ouvrages font de la résistance. Anciens, déjà - je veux dire par là qu'ils ont été publiés avant le mois d'août 2008 -, ils ne veulent pas céder la place. Ils veulent durer. Quelques mois encore, quelques semaines au moins.

Je voudrais en aider un, au moins, aujourd'hui : l'excellent récit que l'historienne Martine Sonnet a publié aux éditions Le temps qu'il fait. Récit d'histoire, de mémoire, à la fois sociologique, personnel et familial, Atelier 62 retrace l'existence du père de l'auteur : Amand Sonnet, forgeron chez Renault, à Billancourt, de 1951 à la fermeture des forges, au début des années 1970.

Forgeron. Son métier, déjà, dans les années 1940, à Ceaucé dans l'Orne. Forgeron, encore, au coeur de la "forteresse ouvrière", pour reprendre l'expression de Jacques Frémontier. Avec une infinie précision, Martine Sonnet raconte ce qu'a été la vie de son père. Elle le fait de deux manières : en rassemblant des traces - elle n'est pas historienne pour rien - et en collectant des souvenirs. Des extraits de L'Echo des métallos Renault se mêlent aux images du père qui rentre de l'usine et qui jette la paie, "le petit paquet de billets épinglés, juste au milieu de la grande table ovale de la salle à manger, sans rien dire".



Martine Sonnet a dépouillé de nombreux documents ; elle raconte les petites luttes qui en disent beaucoup : pour obtenir une prime de chaleur, par exemple. Les pilons et les machines à forger rendent l'atmosphère irrespirable. La direction tergiverse, temporise. Et les ouvriers s'épuisent. Ainsi est la forge : atelier prestigieux, où le travail est très dur. On meurt souvent avant la retraite.

Au fil des pages, l'historienne réveille aussi ses propres souvenirs. Une enfance en banlieue parisienne dans les années 1960. La cité. La distribution des prix. La bilbliothèque. L'excursion - pour une journée - au bord de la mer.  Ces épisodes, ces lieux, l'ancienne petite fille leur redonne vie avec beaucoup de délicatesse, de sensibilité, et des détails qui frappent l'imagination. Son écriture ne s'apitoie jamais ; elle ne larmoie pas et elle ne fige pas le passé. Elle est à l'image de ce père, ce "marcheur qui n'a pas son pareil (...) une sorte d'arpenteur".

Martine Sonnet, Atelier 62, Le temps qu'il fait.
J'aime beaucoup, aussi, le blog de Martine Sonnet. Sa manière de passer d'un sujet à l'autre, son sens de l'observation et son humour.

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commentaires

N
Peux-tu m'en dire davantage sur ce Jacques Frémontier ?
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