Ce lundi soir, France 3 diffuse La prise de l'Elysée, l'excellent documentaire de Serge Moati sur l'élection présidentielle. Si vous l'avez manqué, je suis désolé de vous en parler, vous allez avoir des regrets...
L'exploit technique, d'abord. Le documentaire a été tourné et monté jour après jour, depuis le mois de janvier et jusqu'au soir du second tour, le 6 mai. Alors que nous sommes encore dans l'élan, l'émotion, l'humeur de la campagne et du vote, Moati et son équipe nous offrent un passionant retour en arrière. Les événements sont frais dans nos têtes - certaines images ont été tournées il y a quelques heures seulement - et déjà ils prennent un sens historique.
De quoi s'agit-il ? Comme il aime le faire dans ses documentaires, Moati suit plusieurs personnages sur le terrain, et pendant plusieurs semaines. Ici, des proches des principaux candidats : Rachida Dati, de l'UMP, Jean-Christophe Lagarde, de l'UDF, Vincent Peillon et Claude Bartolone, du PS, notamment. Avec eux, nous parcourons la France, de marchés en meetings, de cités en pavillons, de Paris en province, au long d'une campagne intense, usante. A cela s'ajoutent quelques scènes avec Jean-Marie Le Pen ; le candidat du Front national est le seul leader a avoir accepté que la caméra le suive.
Il faudrait montrer ce film à tous ceux qui rejettent la politique, à ceux qui en sont dégoûtés. Car la politique en sort grandie, humaine, incarnée. Dans ce documentaire, on voit des élus user leurs chaussures, leurs voix, leurs forces dans le combat. Moati est ironique, toujours : en peu de mots, il pointe leur mauvaise foi, leur roublardise parfois. Mais il respecte celles et ceux qui mouillent leur chemise au service de leurs convictions.
Et les Français, ce "peuple" revendiqué par Nicolas Sarkozy autant que par Segolène Royal ? Il est là, à chaque image, vibrant, emballé, sceptique, dérouté. Moati affirme qu'il n'avait pas vu de campagne et de meetings si intenses depuis 1981. On le croit sur parole.