Le nouveau film de Xavier Beauvois est magnifique. J'ai eu la chance de le voir hier. J'y retournerai lors de la sortie prévue au mois de septembre. Le jury du festival de Cannes a donné son grand prix à ce long-métrage qui aurait sans doute mérité la Palme d'or. Peu importe, en définitive. L'essentiel est que vous alliez le voir.
L'histoire est très inspirée du drame de Tibéhirine, ces moines français assassinés en Algérie en 1996. Ils s'appellent Luc, Christian, Amédée, Célestin... Xavier Beauvois nous les montre dans leur quotidien, au monastère d'abord, en prière, à la cuisine, ou dans le potager. Aussi dans leurs contacts nombreux et chaleureux avec les habitants du village voisin, dans ces montagnes algériennes. Plus le film avance, plus la tension grandit : les islamistes armés sont en guerre. Ils enlèvent. Ils massacrent. Les moines s'interrogent : partir ou rester ? Le film s'arrête là où commence le fait divers, atroce, l'enlèvement de ces hommes de paix.
Je ne veux pas trop en dire et vous gâcher le plaisir de la découverte. Sachez tout de même que les acteurs qui incarnent les moines sont magnifiques. Je voudrais tous les citer. Je ne mentionnerai que Lambert Wilson, sobre et lumineux dans les habits de Christian, à la tête de cette petite communauté. Et Michael Lonsdale dans la peau de Luc, le moine médecin qui soigne les villageois, panse leurs plaies et leurs peines. Lonsdale, toujours fabuleux, tient là un de ses plus grands rôles. Il apparaît courbé mais droit, infaillible mais drôle. L'évidence de l'amour.
Le film de Xavier Beauvois est subtil. Les hommes de foi sont saisis par le doute, parfois par la peur. Ils sont faits de chair et de sensualité. L'image de Caroline Champetier et le son de Jean-Jacques Ferran contribuent beaucoup à la beauté du film. Ils savent saisir la lumière et le silence, leur douceur, et leur opposé, le fracas de la folie terroriste. Quant à la musique, elle est utilisée avec parcimonie. Elle n'en a que plus de force lorsqu'elle surgit, grâce à Luc - Lonsdale, encore - dans une des plus belles scènes du film. La grâce. Je n'en dis pas plus. Allez-y.
