Au XIXème siècle, j'aurais sans doute dévoré les romans feuilletons des grands quotidiens. Ainsi est L'ombre du vent, le roman de l'espagnol Carlos Ruiz Zafon, avalé d'une traite il y a quelques jours : foisonnant, exubérant, palpitant, rocambolesque.
L'intrigue se noue à Barcelone, sous Franco, après la guerre. Un jeune homme, Daniel Sempere, pénètre un jour dans le cimetière des livres oubliés. Il y "adopte" un livre et tente de retrouver la trace de son auteur, le mystérieux Julian Carax. Cette quête l'entraîne dans un tourbillon.
Le roman de Zafon a les défauts de ses qualités. Il est excessif, désordonné et plein d'invraisemblances. Le style, un peu précieux, n'évite pas la facilité. L'écrivain espagnol exagère, force le trait, il allonge la sauce. Mais le souffle est là : les personnages ont une belle consistance. Fermin, par exemple, l'ami de Daniel Sempere, est un mélange réussi de Don Quichotte, de matamore, de vieux mousquetaire et de Cyrano de Bergerac.
La terreur de la dictature franquiste jalonne le récit. Cette référence constante donne une force supplémentaire à L'ombre du vent.
L'ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafon, Le livre de poche.